dimanche 25 janvier 2015



Cela fait 5 mois
que je vis aux Etats-Unis!

Pour fêter ça, je publie ce nouvel article exclusivement avec des gifs de Sherlock !


Il est temps d'entamer ma deuxième partie sur Noël. 
Bon, pour tout vous dire c'était pas extraordinaire, ma mère d'accueil devait travailler tout le temps et n'était pratiquement jamais là, on a passé le temps à jouer aux cartes avec la famille de ma mère d'accueil et à regarder de mauvais films de Noël.
On a ouvert les cadeaux le 24 à midi (me demandez pas pourquoi) et j'ai été méga gâtée par tout le monde. Je cumule maintenant les lotions pour le corps et les pyjamas, à croire que c'est un must pour Noël.
Pour le réveillon, comme ma mère d'accueil n'était toujours pas là nous avons mangé des pâtes avec une sauce en boîte et nous sommes allés nous coucher à 22 heures. 


Le 25 j'ai skypé avec mes parents pour qu'on s'offre les cadeaux que l'on s'était envoyé et voilà.
Après ça, les jours ont paru durer des années, je ne faisais rien de mes journées, j'étais à demi malade donc je passais ma vie à lire et dessiner, bref, rien de bien sportif. 
Avant de partir pour la Floride je me suis fait un Sushi avec Jessica qui est automatiquement devenue ma meilleure amie numéro 2 ici. Ça faisait du bien de parler avec quelqu'un qui ne jurait pas que par Dieu, qui était aussi cynique et sarcastique que moi et avec qui je pouvais parler de tout sans peser mes mots à chaque phrase. Après ça on a été manger une glace dans sa décapotable et on a parlé un peu de tout et de rien, de nos vies, de ces malades mentaux au lycée et des différences entre nos pays.
Après cette soirée, je me suis sentie revigorée, Jessica m'a raccompagnée aux portes de la base militaire et un jour plus tard, nous roulions pour la Floride.

On the Road



Nous étions partis le 31 et j'avais embarqué Pri avec moi. Nous sommes arrivés à Viera sous une température de 28 degrés, j'ai acheté une robe et une paire de talons hauts de dernière minute et nous avons été manger le dessert dans un restaurant pour le nouvel an.
Et puis j'ai bizarrement réalisé que ça faisait 5 mois que j'étais là. Ça faisait bizarre, ça avait été long et court à la fois, une poignée de jours dans ma vie, et ce semestre n'avait rien à voir avec ce que j'avais imaginé. Il y avait eu du bon, il y avait aussi eu du mauvais. Cela n'avait rien à voir avec cette année d'échange clichée que je m'étais mise à l'esprit. Ce n'était pas un rêve bleu, ce n'était pas un cauchemar non plus. C'était juste ma vie qui avait pris un virage à 180 degrés. La vie prend des virages à 180 degrés, et quand ça arrive, c'est sur les chapeaux de roues qu'elle le fait. Stephen King n'avait jamais eu autant raison.

A six heures, j'ai skypé avec mes parents, puis j'ai appelé mes amies qui réveillonnaient en France et en entendant leur voix, leur rire, en entendant qu'elles n'avaient pas changé d'un yota, j'ai eu une bizarre impression de malaise, comme si le temps s'était arrêté. Je me suis dit que j'aurais sans doute du être là moi aussi, à veiller jusqu'à six heures du matin avec les gens qui m'étaient chers. Et j'ai fait face aux choses que j'avais laissées pour venir ici, aux sacrifices invisibles qui avaient bâti mon séjour en Amérique. 
"Les choses vont être différentes quand tu vas revenir, premièrement tu n'auras plus personne au lycée, tu crois que tu vas revenir en terre amie mais c'est faux, tu vas devoir tout recommencer, tout depuis le début, sauf que cette fois-ci tu seras une étrangère dans ton propre pays."
Alors j'ai eu peur, comme toute les fois ou je regarde le futur droit dans les yeux. Je pensais naïvement avoir mis ma vie en pause, mais non, les choses avançaient de l'autre côté de l'Atlantique, les gens faisaient des choix là-bas aussi, et ceux que j'avais désignés comme "mes dommages collatéraux" allaient eux aussi se disperser un jour. J'avais comme l'impression que ma vie d'avant s'était évaporée, que quand je reviendrais je ne retrouverais pas le monde comme je l'avais laissé à mon départ. Ça peut sonner un peu dramatique, pourtant j'ai le sentiment d'avoir raison, j'essaye de prendre les choses avec légèreté mais je n'y arrive pas, depuis que je suis ici je suis plus cyclothymique que jamais, la moindre bonne nouvelle me donne envie de crier de joie, mais le moindre couac, le moindre grain de sable qui vient dérégler mon univers me plonge dans une longue phase dépressive qui me fait voir le monde en noir. Je ne sais pas si c'est la phase du séjour qui veut ça, si je suis en plein dans ma "homesickness mood" mais en ce moment j'ai l'impression d'avoir la sensibilité d'un enfant de quatre ans. 


J'avais eu le sentiment de me faire à l'idée que même si j'avais un lycée pourri, mon année n'en était pas gâchée pour autant, que mon expérience était mon expérience et que c'était juste différent de la norme, pourtant quand je vois les photos des autres étudiants d'échange en train de s'éclater avec leurs potes américains qu'ils ont depuis la première semaine, je ressens un sentiment de frustration extrême. Parce que j'ai tout mis en oeuvre pour avoir des relations sociales épanouies ! J'étais dans un club de sport mais ma santé a eu raison de moi, ça m'a pour ainsi dire coupée du monde et maintenant j'ai l'impression que la reprise est une montagne sans fin. J'aimerais pouvoir dire qu'avoir des amis proches c'est facile, qu'il suffit de sourire et de parler à tout le monde mais quand je vois les gens de mon lycée, c'est bien simple : pour rien au monde je ne voudrais être amie avec eux. 
Les relations véritables que j'ai ici avec les autochtones ne sont pas nombreuses parce qu'ils ne sont pas nombreux à se conduire comme des êtres humains civilisés, et je pensais que ça me satisfaisait mais... je sais pas, des fois je me dit que ça me manque d'avoir un groupe de potes avec qui je peux être moi même, et sortir avec le week end à la dernière minute sans que ça pose de problème. 
Pour faire court, comme l'a dit Mick Jagger "dans la vie tu ne peux pas toujours avoir ce que tu veux". Et des fois ça craint.

Je change de sujet



Nous avons donc passé un réveillon sans champagne, (on a eu du sprite wouhou), dans un restaurant qui proposait des fondues de chocolat et nous avons regardé à la télé du bar le décompte de la nouvelle année à New-York.


Désolée, au bout d'un moment c'est à l'envers...





Le lendemain nous avons été vagabonder à Melbourne


Le surlendemain nous avons été peindre de la poterie (oui vous me lisez bien, les américains ne passent pas le temps en allant faire du vélo ou en allant manger des glaces, ils vont peindre de la poterie).


Et on a été dans une crêperie française! J'ai même pu rencontrer le gérant qui vient de Bretagne ! Ça faisait bizarre. On trouve un bout de chez soi partout ici.


Et puis on a finalement été à la plage, nous avons sauté dans nos maillots et nous sommes jetées dans l'eau à 28 degrés un 3 janvier. C'était tellement revigorant, le bruit des vagues, le courant fort qui nous renversait à chaque fois, les rouleaux gigantesques qui nous écrasaient quand nous avancions. En un clin d’œil je me suis sentie mieux, comme si l'eau de mer avait lavé tous mes problèmes. Tout me semblait plus dérisoire maintenant. Le coucher de soleil me brûlait le dos, la pleine lune me faisait face, disque blanc dans le ciel rose. Tout était bien. Rien ne m'inquiétait plus. Seul se jeter dans les vagues comme des folles semblait nous importer.




Cependant, 
Lundi matin, un douloureux retour à la réalité s'est imposé. Je retournais à Beaufort et surtout, je retournais dans mon lycée merdique. J'ai mis du temps à l'avouer à haute voix, j'ai passé mon temps à faire la part des choses, à chercher des excuses pour ne pas admettre qu'une partie de mon rêve américain avait été réduite en fumée, mais la réalité était là, mon lycée était merdique et j'aurais beau y mettre toute la meilleure volonté du monde que ça n'y changerait rien.
J'ai donc rejoint les hurlements en classe, le bruit, le bruit et encore le bruit, celui qui ratatine votre cerveau et vous rend stupide.

Et puis le mardi 7 janvier j'ai reçu un email de ma mère à midi qui m'annonçait que deux extrémistes islamistes avaient débarqué au journal Charlie Hebdo, avaient descendu 12 personnes à la kalachnikov et étaient repartis en scandant qu'ils avaient vengé leur prophète.
J'ai donc reçu cette information en mangeant mon paquet de chips à midi. Je venais de finir de lire le mail quand l'officier de notre lycée, celui qui se balade le flingue à la ceinture, est venu s'asseoir en face de moi et m'a demandé si je savais si les choses allaient bien en France en ce moment. Je lui ai donc répondu que c'était drôle qu'il me demande ça car nous venions juste de subir un attentat terroriste quelques heures plus tôt. Il a donc dit avec tout le flegme du monde que nos attentats devaient sûrement ne pas faire de morts comme ceux de son pays. Je me suis donc retenue de ne pas lui jeter le contenu de ma bouteille d'eau à la figure en l'informant que douze personnes venaient de s'être faites assassinées.

Après ça je suis rentré à la maison, vidée, ma famille d'accueil était déjà au courant, les infos américaines avaient enfin trouvé intéressant de se tourner un peu sur le monde. J'ai pensé sur le moment qu'il leur fallait bien une attaque terroriste pour considérer un pays digne de leur attention.
Après ça tout est rentré dans un engrenage, je recevais des dizaines de messages pour me demander si mes parents et ma famille allaient bien, même ma correspondante sud-coréenne de l'autre côté de la planète avait posté quelque chose sur mon mur facebook.
J'ai skypé avec mes parents pendant longtemps, puis j'ai regagné le salon, et j'ai écouté les infos en boucle.

Le surlendemain s'est déroulé dans un épais brouillard, je me suis rendue en cours vêtue de noir, comme si je pouvais me relier d'une quelconque manière au deuil national que la France accusait ce soir-là.
J'ai attendu toute la journée avec impatience mon heure de français. J'avais envie de parler, j'avais envie plus que jamais de m'exprimer sur ce qui venait de ce passer. Et je pensais dur comme fer que même si moi et mes camarades de classes étions très différents et qu'il m'était dur de les supporter au quotidien, et bien peut-être qu'au moins ils comprendraient que de l'autre côté du globe, des gens souffrent, des gens luttent, des gens meurent aussi.
Naïve que j'étais.
La prof de français a fait un entracte à son cours en citant bien évidemment les événements du jour précédent. Ce n'était pas comme si personne n'écoutait, pire que ça, ils écoutaient, tout en checkant d'un air désinvolte leur portable, échangeant des blagues avec leurs potes. Quand la prof a eu la bêtise de comparer cet événement au 11 septembre 2001, la réaction de la classe ne s'est pas faite attendre : ils ont pouffé de rire.
A présent je ne me sentais pas uniquement seule, je me sentais abandonnée. C'était aussi humiliant qu'un crachat à la figure.
Miss Mallet m'a demandé si je voulais rajouter quelque chose, ce que j'ai fait, avec moins de vigueur et d'éloquence que je l'aurais voulu. Mais qui s'en préoccupait ? J'ai fait ça parce que je savais que je devais au moins essayer. Mais c'était vain, ces gens étaient à des années lumière d'où je me trouvais.
Quand je suis retournée à la maison, mon bus est resté bloqué dans un sacré bordel, des voitures de police partout sur la base militaire, une ambulance... Un drill Instructor s'était suicidé ce matin, il avait armé son revolver, s'était assis dans son garage et s'était fait sauter la cervelle. Il laissait derrière lui sa femme et ses trois enfants. La seule réaction dans le bus fut un "Pourquoi ils font tous ça dans le garage ?", suivi de rires bien gras.

Même si j'avais été profondément dégoûtée par les réactions de mes congénères autochtones, je dois avouer que les médias américains ont tout de même bien réagi à l'évènement. Et par "bien réagi" je veux dire "réagi", ce qui est un grand pas pour cette nation qui porte plus d'importance aux shows télévisés qu'à l'actualité.
Les réseaux sociaux des personnalités américaines ont bien concordé, d'ailleurs voici mes posts préférés:




Sans oublier la réaction de John Kerry et son discours en Français sur Lassana Bathily, le sauveur des otages de la supérette casher:



Bref, comme vous le constatez sûrement, le monde semble s'être mobilisé sauf en Caroline du Sud, sauf dans mon lycée. 
Vous savez je me suis toujours dit que la solitude ne m'effrayait pas, ben je viens juste de me rendre compte que je suis une foutue menteuse !
La vérité c'est que la solitude ne me dérange pas quand je sais que si je veux en sortir j'ai tout un tas de monde autour de moi qui est paré à m'aider. En d'autres termes, pas ici.

Je change de sujet, maintenant.

sherlock animated GIF

Le week-end dernier c'était un break de quatre jour grave au Martin Luther King et le staff day à l'école, ce qui m'a permis de changer un peu d'air et d'aller entre amis à

Charleston


(en face c'est Fort Sumter au fait)




Et puis Savannah aussi...


Voilà c'était trop bieeeeennn, je veux vivre là toussa toussa!

Bon, et puis ça fait un bail mais la saison de Basketball a commencé:






Voilà lecteur, tout est à peu près dit, comme toujours bilan mitigé, même si j'essaye de rester objective et tout ça et que des fois ben C'EST PAS FACILE QUOI. Mais bon. Life goes on. J'aurais aimé faire un petit bilan organisé de ma moitié du séjour mais pour tout vous dire : j'ai un peu la flemme. Et je ne voudrais pas que ce blog soit un épitomé du voyage d'échange mais je voudrais juste prévenir les futurs ES qui me lisent : partir en voyage d'échange c'est la loterie les gars. Ne vous imaginez pas que ça va être facile et tout ça, parce que vous vous fourvoyez ! A bon entendeur...
Je vous embrasse fort, amis qui croulent sous le bac blanc pendant que moi ben je bosse pas trop en fait, à part ma fomation IEP en ligne qui n'est pas si dure que ça. Bisous à ma famille aussi. 
Je vous aime.

waving animated GIF

Good bye, old sports